Strasbourg: le médecin du travail qui s'est suicidé était-il victime de harcèlement moral?

Personne ne s'y attendait.

Mardi, Marie-Magdeleine G., médecin du travail exerçant notamment pour France 3 Alsace, Arte et la CPAM, a mis fin à ses jours.

Celle qui ne s'arrêtait jamais était en arrêt maladie depuis un petit mois, et, selon un collègue, était "l'exemple même de la femme énergique, très appréciée, très joviale."

"Elle adorait son travail" nous confie Eric Vial, délégué syndical FO de France Télévisions en Alsace, ajoutant: "Elle était très attachée au personnel, était particulièrement préoccupée par ce qu'il se passait, par la souffrance des gens. Elle s'inquiétait beaucoup."

"Après le choc puis le rejet, les salariés de France 3 Alsace sont aujourd'hui en colère" réagit aussi ce vendredi sur Le Post le délégué du personnel CGT Michel Di Venanzio.

Madame G. s'est suicidée suite à ses conditions de travail très compliquées" affirme au Post maître Rodriguez, avocat de sa famille et membre de l'association AVIP (aide aux victimes de violences psychologiques et de harcèlement moral dans la vie privée et professionnelle).

(Images: France 3 Alsace)

1. Qu'en pense l'avocat de la famille?


Après s'être entretenu, ce jeudi après-midi, avec les proches de Marie-Magdeleine G., il poursuit: "Nous allons porter plainte - vraisemblablement contre X-, au nom de la famille de cette femme, pour faire la lumière sur les circonstances de son décès. Et voir, également, si, au vu de nombreux documents qu'elle a fait parvenir à sa direction, elle n'était pas victime de harcèlement moral."

"Elle s'était en effet rapprochée de l'AVIP pour dénoncer des situations de harcèlement moral" nous explique encore maître Rodriguez.

Son avocat nous apprend encore que, début septembre, pendant son arrêt maladie, Marie-Magdeleine G., employée par AST 67 (Alsace Santé au Travail -association de droit local), avait contacté l'AVIP, en vue d'une démarche juridique, et dénoncé ce qui, selon elle, pouvait s'apparenter à du harcèlement moral.
Elle m'avait confié subir des pressions qu'elle disait avoir fait remonter, en vain, à son employeur" nous indique aussi Me Rodriguez.

Des pressions subies, selon elle, par son employeur et dans les différentes structures qui l'employaient.

"Elle s'inquiétait beaucoup du projet de loi sur la réforme du statut du médecin du travail, notamment du risque de sa perte d'indépendance" ajoute son avocat qui avait eu l'occasion d'en débattre avec elle.

Avec cette plainte, qui sera déposée "très prochainement", Me Rodriguez espère que "les responsabilités soient prises s'il y a des responsabilités à prendre, mettre des noms sur les personnes à l'origine des pressions s'il y en a, et établir pourquoi, si, dans le cas où son employeur était au courant, il n'a pas réagi."

Cette femme qui, durant des années, a mené une lutte sans merci contre le harcèlement moral, a, dans un courrier qualifié par son avocat de "très accusateur", dénoncé, ce que, de la part de son employeur, et selon ses propres mots, elle qualifie de "torture."